dimanche 4 juin 2017

bye bye America

(article publié le 4 juin et mis à jour le 8 juin)

Lors de son premier voyage à l'étranger, Trump a joué plusieurs rôles qui méritent d'être relevés :
  1. Premier rôle de Trump, représentant de commerce du complexe militaro-industriel américain en Arabie Saoudite, où il a par ailleurs condamné le soutien iranien au terrorisme. C'est ne pas tenir compte de la lutte de l'Iran chiite contre l'Etat Islamique sunnite. C'est ne pas tenir compte non plus du soutien dont bénéficie ce même Etat Islamique de la part de certaines pétro-monarchies sunnites, mais comme ces dernières signent de juteux contrats, l'oncle Sam ferme les yeux, tourne la tête ailleurs et ce faisant, accepte de pactiser avec le diable (ajout lors de la mise à jour du 8 juin : entretemps, l'Iran est victime d'un attentat de l'Etat Islamique commis à Téhéran, et 10 pays du Golfe et d'ailleurs rompent leurs relations avec le Qatar, en donnant pour raison son soutien au terrorisme. Bien que ce motif soit avéré, que dire de l'Arabie Saoudite qui mène cette fronde contre son voisin qatari, si ce n'est qu'elle diffuse l'Islam le plus radical dans le monde entier depuis des décennies en toute impunité ?)
  2. Deuxième rôle de Trump lors de ce voyage : allié indéfectible d'Israël, sans un mot sur les violations des droits de l'homme, la grève de la faim des prisonniers palestiniens, la poursuite de la colonisation, la situation dans les territoires occupés, etc.
  3. Troisième rôle de Trump lors de ce voyage : ex-allié des pays d'Europe de l'Ouest, en refusant de s'engager sur l'assistance mutuelle entre pays membres de l'OTAN, prévue par l'article 5 du traité de Washington, ce qui a fait dire à Mme Merkel : "L'époque où nous pouvions entièrement compter les uns sur les autres est quasiment révolue. Nous devons nous battre pour notre propre destin." Réponse de Trump en allusion au déficit commercial avec l'Allemagne et à l'insuffisance de leurs dépenses militaires : "Very bad for the US". Réponse du ministre allemand des affaires étrangères : "Il ne s'agit plus de la nation la plus importante dans le monde". Et ainsi de suite, la guerre des mots continue, par tweet, communiqué ou interview interposé...
A son retour à la Maison Blanche, Trump annonce le retrait des USA de la COP 21, accord de Paris sur le climat (comme une diversion aux affaires ? ajout lors de la mise à jour du 8 juin : entretemps, l'audition au Sénat de l'ex-directeur du FBI James Comey a eu lieu, témoignage accablant constitutif d'obstruction à la justice). En attendant ce nouveau scandale, ce retrait de la COP 21 provoque un tollé planétaire, des dégâts d'image considérable, un probable isolement US sur la scène internationale et une perte conséquente de l'(ex)leadership mondial américain.
Les pays d'Europe occidentale semblent enfin en prendre conscience. Vont-ils définitivement cesser d'être les laquais de Washington et se détourner de l'Ouest au profit de partenariats à l'Est plus fiables et plus crédibles, et reposant sur une base plus équilibrée ?

Les pays avec qui les européens auraient tout intérêt à se rapprocher sont légions. Citons la Russie (Gazprom fournit un tiers du gaz européen), l'Inde (L'UE est son premier partenaire commercial), la Chine (promotrice de la "nouvelle route de la soie", liaisons routière et ferroviaire entre l'Europe et la Chine, dont c'est l'une des priorités), l'Iran (l'accord sur le nucléaire iranien et la réélection du président Rohani permettent d'envisager un approfondissement de leurs liens commerciaux), la Turquie (l'Europe bénéficie déjà de l'accord signé avec Ankara sur les réfugiés et l'immigration), mais aussi la Corée du Sud et l'Indonésie.

Fred Deion

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