mardi 18 juillet 2017

Alors, ce krach, c'est pour quand ?

En ce mois de juillet chaud et indolent, propice au farniente et à l'insouciance, il aura certainement échappé à certains lecteurs quelques petites phrases entendues ici ou là :

Commençons par les rencontres économiques d'Aix-en-Provence qui viennent de s'achever :

"Il y aura une nouvelle crise, je ne sais pas quand, mais ce dont je suis sûr c'est qu'elle pourrait être un évènement dramatique pour notre style de vie, pour la démocratie et les valeurs libérales", a mis en garde Paul Tucker, ancien vice-gouverneur de la Banque d'Angleterre (BoE).

Depuis la crise des subprimes (2007), "mis à part le fait qu'on ait plus de régulation aujourd'hui, la situation est pire d'un point de vue macroéconomique", a soutenu Alfonso Prat-Gay, ancien ministre argentin des Finances et du Budget. "Les prix de l'immobilier aux Etats-Unis sont revenus à des pics", a-t-il poursuivi, tandis que "les niveaux d'endettement aussi bien dans le secteur public que privé" atteignent des sommets.

Parmi les autres ombres au tableau citées par les experts, "la décennie de taux d'intérêt quasiment nuls a conduit à une prise de risque excessive par certains acteurs, par une survalorisation de certains marchés boursiers", a commenté pour sa part Catherine Lubochinsky, du Cercle des économistes, groupe de réflexion organisant l'événement.

En résumé : taux d'intérêt bas, explosion de la dette, créances douteuses, actions survalorisées : les excès de la finance ravivent, chez les experts réunis à ces rencontres économiques, les craintes d'un nouveau choc mondial, dix ans après une crise qui a bouleversé la planète.

Pendant cette dernière décennie, l'endettement des sociétés françaises non financières est ainsi passé de l'équivalent de 50% à 70% du produit intérieur brut (PIB), a affirmé la semaine passée l'Autorité des marchés financiers. "Une exception en Europe" qui pourrait se traduire par des "problèmes de solvabilité" en cas de remontée des taux ou de "choc sur l'économie".

Egalement la semaine passée, le Fonds monétaire international (FMI) a alerté de son côté sur les "risques négatifs" que peuvent représenter pour l'économie globale "l'incertitude sur les politiques dans les économies avancées" mais aussi "les vulnérabilités du secteur financier et un soudain durcissement des conditions financières".

Ailleurs en Europe, les problèmes des secteurs bancaires, notamment en Italie et au Portugal, continuent d'inquiéter. "Il n'est pas normal que des difficultés localisées pèsent à ce point sur l'image d'ensemble d'un secteur bancaire européen", a regretté le banquier central François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, toujours la semaine passée.

Et outre-Atlantique ? La Maison-Blanche a fait un pas de plus vers un allègement de la régulation bancaire en désignant M. Quarles comme régulateur en chef et en charge de la supervision. La désignation de ce financier bienveillant envers les grandes banques donne une nouvelle impulsion à la volonté de l'administration Trump d'alléger les garde-fous mis en place après la crise financière de 2007-2008 par la loi Dodd Frank (ces règles visent à éviter qu'une grande banque ne soit "trop importante pour faire faillite" (too big to fail) et qu'elle puisse être sauvée par l'argent des contribuables en cas de crise).  Dans une tribune au Wall Street Journal en 2016, M. Quarles s'était élevé "contre les conséquences d'une augmentation considérable des fonds propres des banques équivalant à une hausse du coût des crédits bancaires". L'administration Trump et des élus républicains veulent aussi alléger les tests de résistance des grandes banques et minimiser, voire faire disparaître, la règle "Volcker", qui limite la spéculation des banques pour leur propre compte. Même Mme Yellen (présidente de la Réserve fédérale) a mis en garde récemment contre la tentation de déréguler en oubliant les ravages provoqués par la crise financière de 2008.

Et en Chine ?  Pour assouvir leur soif de consommation, des millions de jeunes Chinois s'endettent sans compter, au point d'inquiéter le monde de la finance. Les faibles taux d'intérêt les encouragent à s'offrir des voitures neuves : le crédit auto augmente de 40% par an. La flambée du prix des logements fait également redouter une bulle immobilière. Ainsi, les emprunts des ménages ont augmenté de 19% en moyenne par an depuis 2011. A ce rythme, la dette des ménages doublera pour atteindre 8.600 milliards d'euros en 2020, en raison de l'abaissement des critères d'attribution de prêt aux particuliers. Subprime bis ?

En une décennie, la dette totale du pays est passée de 140% à 260% du PIB. L'investissement à crédit dans les infrastructures et l'immobilier a soutenu la croissance rapide de la Chine. Mais l'inquiétude augmente quant au fait que ces années de crédit gratuit pourraient conduire à une crise financière aux implications mondiales. Et le ralentissement de l'activité économique inquiète les marchés: l'agence Moody's a récemment abaissé la note de la dette chinoise, pour la première fois depuis près de 30 ans. L'agence Fitch estime elle que "des niveaux d'endettement élevés et croissants constituent un risque significatif" et "augmente la probabilité de chocs économiques et financiers". Le FMI s'est lui aussi inquiété le mois dernier des risques financiers qui pèsent sur le pays.

Alors, ce krach, c'est pour quand ? En mettant toutes ces pièces de puzzle ensemble, l'image finale sera celle d'un "perfect storm"  lorsqu'elle sera complète. Dans quelques mois ou dans quelques années ?

L'histoire récente des krachs peut nous aider à répondre :
  • l'euphorie des années 1980 a connu un terme avec le krach du lundi noir du 19 octobre 1987
  • 13 ans plus tard, l'éclatement de la bulle internet a débouché sur le krach de 2000-2001
  • 7 ans plus tard, la crise subprime a déclenché le krach de 2007-2008
Au vu de cette périodicité, et de la situation actuelle (présence de nombreuses bulles, endettement mondial, crise dans la zone euro (déclenchée par le défaut grec) et de banques européennes, dérégulation aux USA, bombe à retardement chinoise...), nul besoin d'être grand prophète pour prévoir le prochain krach au plus tard dans les années 2020, si pas avant. Mais attention, plus on tombe de haut, plus ça fait mal : ce sera the Big One, LE krach.

dimanche 16 juillet 2017

Schengen et la directive européenne sur les armes

Article écrit par Frank Leutenegger, publié sur https://swissguns.ch/ et repris avec son aimable autorisation.

"Le Conseil fédéral et tous les politiciens favorables à un durcisseent des lois sur les armes affirment qu'un refus d'appliquer le droit européen entraînerait automatiquement la fin de l'accord de Schengen pour la Suisse. Les défenseurs d'un droit libéral sur les armes sont persuadés du contraire. Alors ? La réponse est à la fois "oui" et "non".

Schengen, qu'est-ce que c'est ?

L’accord de Schengen a été signé le 14 juin 1985 par cinq des membres de la Communauté européenne d'alors : l'Allemagne de l'Ouest, la France et les pays du Benelux (Belgique, Pays-Bas et Luxembourg), pour créer un espace de libre circulation des biens et des personnes. Quand la Suisse y a adhéré, on a laissé de côté les marchandises.

Au départ, il s'agissait donc simplement d'un accord de libre circulation. Mais les dirigeants européens ont voulu des mécanismes de sécurité, pour éviter la libre circulation des gangsters, des armes, de la drogue, etc.

Et c'est là que tout a dérapé. Au lieu d'établir quelques règles simples, Bruxelles a pondu quelques "monstres":
- le système SIS (Système d'Information Schengen), un méga fichier informatique pour recenser les criminels de l'Europe, mais que certains pays ont utilisé pour ficher, par exemple, les propriétaires d'armes. Ce qui a entraîné, une fois, en Allemagne, une interpellation musclée d'un brave automobiliste, coupable de faire du tir sportif en France. A retenir que les autorités suisses contribuent à l'alimentation du fichier SIS, mais ont toutes les peines en avoir des retours;
- l'autre monstre, c'est bien sûr la directive européenne sur les armes. Le projet de base de 1991 pouvait être considéré - d'un point de vue européen, pas suisse bien sûr - comme raisonnable. Mais chaque socialiste, chaque écolo (chaque rouge, pour simplifier) a tenu a ajouter son idée sécuritaire.

Résultat ? Un galimatias qui fait rigoler criminels et terroristes, mais qui fait suer tous les propriétaires d'armes honnêtes. Mais ce recueil de stupidités fait désormais partie de l'acquis de Schengen, que la Suisse a à cœur de reprendre. Et donc, la Suisse adapte son droit national pour se plier à ces "développements"... et si on n'y prend garde, ces "développements" vont se succéder, jusqu'au désarmement final.

Alors, sommes-nous obligés ou non de reprendre ce fatras ? Le Conseil fédéral lui-même explique sur son site internet que non: "La Suisse peut décider de manière autonome si elle désire reprendre ou non un nouvel acte juridique de l’acquis de Schengen". Et si nous refusons de reprendre la "Dîrêctîve", le même site précise que : "Si la Suisse refuse de reprendre un nouvel acte juridique, elle recherche avec l’UE une solution adaptée pour poursuivre la coopération". Mais il est vrai que si on ne trouve pas de point d'entente, "si aucun compromis n’est possible, l’accord peut, en dernier recours, être dénoncé".

Il est évident qu'en cas de référendum, Bruxelles et Berne feraient pression dans ce sens. Mais, si les Suisses refusaient les modifications prévues, que se passerait-il ? Le Conseil fédéral proposerait sans doute une version light, comme celle de l'application de l'initiative contre l'immigration de masse. Nous devrions alors être prêts à imposer notre version d'un accord avec l'Europe... par exemple ne pas supprimer la libre circulation des personnes, mais celle des armes (à affiner sérieusement). Et nous avons de sérieux atouts, quand on sait que la Suisse est actuellement le plus gros investisseurs dans l'Union européenne, 55 milliards d'euros en 2016 !

Et si on cassait tout ?


Cela dit, si Schengen devait sauter, quel serait le degré du malheur ? Les mêmes qui nous prédisaient chômage, disette et récession en 1992, lors du vote sur l'EEE, entonnent aujourd'hui la même chanson sinistre. Retour des contrôles aux frontières... les frontaliers empêchés de venir travailler chez nous... Euh, les mêmes admettent que seuls 3 % des étrangers étaient contrôlés aux frontières. Effectivement, je ne me souviens pas de files d'attente à la frontière franco-suisse, comme il y en a toujours à l'est entre membres et non membres de Schengen.

Donc nous reviendrions à la situation d'avant 2008. Les frontaliers entraient en Suisse, les Suisses allaient en Europe jouer aux touristes. Rien de plus. Je n'ai pas souvenirs d'enfants suisses pleurant de misère devant l'Europe triomphante.

Si... il y a quelque chose de plus. Quand le Conseil fédéral nous a vendu Schengen, il a annoncé une facture de moins de 7,5 millions de fr. par an. Un joli mensonge, justifié par la chef du DFJP, Simonetta Sommaruga, qui a admis à la RTS qu'on avait "mal évalué" ces coûts. Aujourd'hui, on en est à plus de 100 millions par an et l'Europe nous réclame encore cet été (2017) une rallonge pour aider nos cousins de l'est. Combien ? Mystère. Il y environ 3 milliards de francs à répartir et on attend beaucoup de la solidarité suisse."

Frank Leutenegger

Le peuple suisse sera-t-il le seul à s'opposer à cette directive ? (La France l'a déjà reprise dans son droit national) Sur le même site https://swissguns.ch/ on peut aussi lire : 

"Le parlement tchèque vient de voter ce 28 juin, à une écrasante majorité (139 sur 168), une loi qui permet aux citoyens d'acquérir librement armes et munition, même sans permis. Elle a été entérinée pour contrer officiellement l'initiative de l'Union européenne.

La république tchèque compte déjà plusieurs centaines de milliers de citoyens au bénéfice d'un permis de port d'arme, environ 3% de la population. Ces personnes sont généralement perçues non comme un danger, mais comme un atout pour la sécurité publique.

Dans le même esprit, il y a deux semaines, le ministre de l'Intérieur, Milan Chovanec, annonçait que la République tchèque allait déposer d'ici à la mi-août une plainte auprès de la Cour de Justice de l'UE contre les nouvelles règles européennes en matière d'armes.

"Nous ne pouvons pas permettre que l'UE, sous le prétexte de la lutte contre le terrorisme, s'immisce de manière inadéquate" dans les affaires des Etats membres et de leurs citoyens, avait déclaré M. Chovanec, dans un communiqué, rendu public à l'issue du conseil des ministres à Prague.

Voila qui va beaucoup plus loin que la "mise en œuvre pragmatique" de la directive européenne, prônée par le Conseil fédéral. Voila qui montre qu'il reste en Europe des gens qui sont prêts à assumer la responsabilité de leur liberté."

Frank Leutenegger

samedi 15 juillet 2017

Homme versus nature : sommes-nous prêts à être conquis ?

Quelques extraits du dernier et excellent article de Dmitry Orlov, publié sur le net :

"Depuis un peu plus de quatre siècles, à partir des années 1600, le récit dominant en Occident a été « La conquête de la nature par l’homme ». De là, cette histoire s’est répandue dans le monde entier comme l’« Homme » a vaincu tous ceux qui se tenaient devant lui. Et même maintenant, alors que l’Occident entre dans sa sénescence, déchiré par des conflits internes, défaillant démographiquement, débordé par les migrants d’un large éventail d’États faillis et organisant des catastrophes environnementales à l’échelle planétaire, cette croyance inaltérable des victimes de l’éducation publique autour du monde demeure : « Le but de la nature est de servir l’homme ».

Cette croyance est en contradiction avec la nature car il s’avère, dans le schéma naturel des choses, que la fonction de l’homme est celle d’être mangé et que seuls quelques chanceux pourront finir fossilisés accidentellement. Ces jours-ci, beaucoup d’entre nous sont transformés en cendres, pour économiser de l’espace – un processus de gaspillage, biologiquement parlant – mais normalement, si on est enterré, notre destinée est de nourrir les vers, les insectes et autres décomposeurs, alors que si on tombe sur le sol même, des corbeaux, des vautours, des rats et divers autres charognards ne seront que trop heureux de se régaler de nous.


Mettez cela dans une perspective appropriée et en finir avec nous n’est même pas une tâche si insurmontable. Tassé par un compacteur et empilé en blocs d’un mètre cube, toute l’humanité pourrait entrer dans un cube d’un peu moins d’un kilomètre de côté. Étalés uniformément sur toute la surface de la Terre, nous formerions un film d’à peine un micron d’épaisseur – indétectable sans équipement spécial et facilement digéré par le biote biologique de la planète. Comparez cela aux épais tapis microbiens qui ont donné lieu à des dépôts de pétrole brut que nous brûlons actuellement à une vitesse vertigineuse : l’homme moyen brûle huit fois son poids corporel en pétrole brut chaque année.

C’est le pétrole brut, ainsi que le charbon, le gaz naturel et l’uranium, qui multiplient notre puissance insignifiante à un point où les résultats de notre activité deviennent visibles de l’espace extra-atmosphérique sur de vastes étendues de la surface de la planète. Si on prend les chiffres, il s’avère que le pétrole brut consommé nous permet de multiplier notre énergie physique et endosomatique par environ 44 000 000. Ajoutez du charbon, du gaz naturel et de l’uranium, et vous obtenez environ un facteur d’amplification de nos pouvoirs physiques d’une  centaine de milliers. C’est cela qui a permis la récente « conquête de la nature » par l’homme. Sans les combustibles fossiles, la meilleure énergie exosomatique que nous pouvons exploiter, c’est un équipage de deux chevaux, bœufs, buffles d’eau ou ce que vous avez sous la main. Au delà, cela devient difficile à gérer pour un seul humain. Les chevaux et les autres grands ruminants multiplient notre pouvoir d’un facteur 15 ou plus. Mais déjà cela, si vous y pensez bien, c’est beaucoup.

On sait que l’amplification par cent mille de nos maigres pouvoirs physiques grâce aux combustibles fossiles va diminuer avec le temps, nous laissant avec quelques chevaux sur lesquels nous replier si nous sommes chanceux. Passer d’un facteur cent mille à quinze va sûrement être un choc pour certaines personnes, ce qui leur fait prétendre que cela va sonner la fin de la civilisation humaine. D’autres affirment que la civilisation humaine est condamnée parce que brûler environ la moitié de tous les combustibles fossiles récupérables en seulement quelques siècles a déstabilisé le climat. Comme si cela ne suffisait pas, le professeur Guy McPherson  prédit hardiment que les humains vont s’éteindre avant le 1er janvier 2026 (qui tombe un mercredi). Et à l’autre extrémité du spectre des illuminés qui font des prédictions désastreuses, nous trouvons le professeur Stephen Hawking. En écoutant la radio, je l’ai récemment entendu proclamer, de sa voix robotique vintage, que Trump décidant de quitter l’Accord de Paris sur le changement climatique pourrait finir par faire ressembler la Terre à Vénus, avec des champs de lave et des pluies d’acide sulfurique. Il a dit que nous ferions mieux de commencer à réfléchir à construire des colonies dans l’espace si nous voulons survivre.

Je suis profondément en désaccord avec tout ce qui précède. Pour savoir où je me situe et, plus important encore, pour savoir où vous, vous vous situez, commençons par examiner la suggestion de Hawking selon laquelle la Terre peut finir par ressembler à Venus simplement en brûlant des combustibles fossiles. Il y a très très longtemps la Terre avait une atmosphère sans oxygène. À cette époque, elle était également exempte d’animaux, car il n’y avait rien pour respirer, mais au fil du temps, une flore importante est apparue, sous forme d’algues et d’amas microbiens, qui ont photosynthétisé et photosynthétisé, et ont évolué en divers types de plantes, qui ont continué à photosynthétiser jusqu’à ce que l’atmosphère de la Terre soit remplie d’oxygène, tandis que le CO2 devenait une simple trace chimique.

Beaucoup de ces premiers organismes issus de la photosynthèse ont été enterrés dans la croûte terrestre. Un petit pourcentage d’entre eux ont été transformés en combustibles fossiles, les autres se décomposant ou formant de vastes dépôts de matière organique diffuse économiquement inutilisable. Un petit pourcentage de ces dépôts qui se sont révélés technologiquement accessibles pour nous, nous ont permis de creuser, de pomper et de brûler environ la moitié de ce pourcentage. A aucun moment, la Terre n’a approché le climat de Vénus, pas même quand elle était dépourvue de vie, ni lorsqu’elle était pleine de plantes photosynthétisées primordiales qui étaient occupées à changer l’atmosphère, de riche en CO2 à pauvre en CO2 et riche en oxygène. Il est donc raisonnable de penser que l’atmosphère ne finira pas par devenir comme celle de Vénus même si nous finissons de brûler tout le carbone sur lequel nous pourrions mettre la main.

Cela dit, les changements climatiques sont très réels, et ceux qui nient cette réalité appartiennent malheureusement au grand contingent de personnes dont l’accomplissement personnel consiste à gêner sans cesse des gens qui ne seront jamais comme eux. Nous allons faire face à de nombreux siècles de changements climatiques profonds : les inondations côtières, la désertification des terres agricoles, les glissements de terrain et les inondations causées par les pluies torrentielles, plus d’autres types de phénomènes météorologiques, de tremblements de terre et de tsunamis déclenchés par la fonte glaciaire, etc. Physiquement parlant, le changement climatique est tangible, mesurable, observable et indéniable.

Mais le changement climatique d’un point de vue politique est un canular. Les efforts politiques visant à lutter contre le changement climatique en réduisant les émissions de carbone et en investissant dans les « énergies renouvelables » ne sont utiles que pour alimenter diverses formes de corruption : des projets d’une vanité stupides comme ceux de Tesla et d’autres dont les véhicules électriques, dans une comptabilité honnête, augmentent plutôt que ne réduisent les émissions de carbone ; des moyens de gaspiller l’argent public pour des parcs éoliens et des fermes de panneaux solaires qui deviendront inutiles une fois que la fabrication d’équipements électriques (fonctionnant grâce aux combustibles fossiles) qui entraîne la demande d’électricité va baisser ; les biocarburants et divers types de non-sens liés à la haute technologie. Un effort significatif pour conserver ce qui reste du statut quo climatique impliquerait de réduire la consommation de combustibles fossiles à zéro immédiatement, et aucun politicien n’ira jamais proposer cela. Ainsi, l’idée que les politiciens feront tout ce qui est utile pour lutter contre le changement climatique est juste un rêve.

Ensuite, regardons la suggestion de Hawking selon laquelle nous devons construire des colonies spatiales et évacuer la Terre. (...) Combien de colonies spatiales allons-nous construire, et combien de personnes vont-elles abriter ? Plus important encore, quel genre de personnes seront-elles ? De toute évidence, pour recueillir suffisamment d’argent pour construire même quelques colonies spatiales capables de loger quelques centaines de personnes, il faudrait des milliards de dollars, et les seuls personnes avec ce genre de ressources à épargner sont les plus riches. Cela répond à la question de savoir qui habiterait ces colonies : les über-riches – les mêmes gens qui dépensent actuellement des millions pour le tourisme spatial. (...) Mais je ne vois pas cela comme un développement particulièrement probable. Le problème avec les colonies spatiales, outre leurs coûts énormes et le manque de technologie éprouvée pour les construire et les lancer, c’est qu’elles doivent être construites sur Terre, par des ingénieurs et des techniciens terriens. Il n’y a pas d’installations ou de matériaux pour les construire dans l’espace. Toutes les fournitures et les pièces de rechange doivent être fabriquées et réapprovisionnées depuis la Terre. Une fois que la civilisation humaine ne sera plus là à la surface de la planète, que deviendront les colonies de l’espace ? Elles manqueront de nourriture, d’eau, d’oxygène, de pièces de rechange et de sang frais (la reproduction humaine dans l’espace doit encore être tentée).

En ce qui concerne la colonisation d’autres planètes, Venus sus-mentionnée n’est pas un candidat et ni Mars après une sobre réflexion. Il y fait trop froid, l’atmosphère est trop mince, la gravité trop faible et le rayonnement trop fort. Mars est un piège mortel. Il n’y a pas d’autres candidats. Jusqu’à présent, les faits me donnent raison : les riches paranoïaques n’investissent pas dans les colonies spatiales. Au lieu de cela, ils mettent beaucoup d’argent sur la table pour des bunkers souterrains et des abris dans des endroits éloignés. À partir de toutes les données disponibles, il semble qu’ils envisagent de faire leur dernier effort ici sur Terre, pas dans l’espace. (...)

Mis à part les problèmes d’un certain milieu culturel menacé, je constate clairement que, une fois l’extravagance des combustibles fossiles terminée et que les systèmes de soutien à la vie qui dépendent des combustibles fossiles auront échoué, une vaste mortalité s’ensuivra. Un très grand nombre de personnes ne vont se disputer aucun combat. Après avoir été conditionnées toute leur vie à obéir aux autorités, pour être prises en charge en retour, elles se tiendront là avec patience ou impatience, en attendant l’aide et les instructions venant d’en haut, instructions qui ne viendront jamais.

Mais il y a beaucoup de gens autonomes et accoutumés à vivre près de la nature, et certains d’entre eux vont bien. Il y a aussi certaines personnes qui sont, par nature, proches de la nature sauvage, et elles vont prospérer. Avancez de quelques milliers d’années, et il y aura encore des humains autour de vous, non plus des conquérants de la nature, mais plus une curiosité mineure en son sein : des singes bipèdes nus qui bavardent. Ils ne vont plus conquérir grand chose, ayant déjà utilisé toutes les ressources naturelles non renouvelables sur lesquelles ils pourraient mettre la main pendant leur faible durée de vie de quelques millions d’années comme espèces de mammifères. Mais étant très adaptables et ingénieux, ils trouveront des moyens de survivre.
Ils vont chasser, pêcher, rassembler des fruits et des légumes sauvages, et manger des larves et des insectes s’ils le doivent. Ils vont occuper des journées entières et des mois à se raconter des histoires, à chanter des chansons, à élever des enfants et à passer de bons moments. Quelle chance ils auront, plus besoin de se raser, de se doucher ou d’utiliser des déodorants. Ils n’auront aucune conception de l’inviolabilité de la propriété privée ou de l’espace personnel, et auront tendance à être désinhibés et directs dans leur choix de partenaires sexuels. Donc peut-être que vous ne voudriez probablement pas les voir trainer autour de chez vous et vous pourriez peut-être penser à eux comme à des « sales hippies » ou même comme à des « brutes ». Mais ce n’est pas important. Il n’est pas non plus important qu’ils souhaitent que vous, vous viviez dans le coin : nous, les humains, avons peu d’utilité pour d’autres tribus humaines, à l’exception de quelques  raids et captures de fiancées. Ce qui est important, c’est : êtes-vous prêt à être conquis par la nature  ? Parce que vous devriez peut-être travailler là-dessus."