lundi 26 mars 2018

Le début de la fin ?

Est-ce que l'historiographie de la fin du siècle retiendra 2018 comme étant celle du début de la fin de notre société thermo-industrio-financière ? (c'est-à-dire la transition vers un autre monde que celui que nous connaissons actuellement ?)

Après une année boursière 2017 étincelante, correction sur les marchés en janvier 2018, baisse des crypto-monnaies (de moitié pour le bitcoin entre la fin de l'année passée et le début de celle-ci), et un mois de février en dents de scie, source d'incertitudes pour la suite. La probable remontée des taux d'intérêts US sonnant le glas de la flambée des actions, la finance entre-t-elle dans une période de turbulences prolongée ?

Après la guerre des monnaies que s'est notamment livrée le dollar et le yuan dernièrement, place à la guerre commerciale déclenchée par Trump en décidant de taxer l'acier et l'aluminium à l'import. "Les guerres commerciales sont bonnes et faciles à gagner", a-t-il dit. Nous verrons...

Dans un autre registre, il sera aussi écrit que cette année, la ville sud-africaine du Cap sera la première ville développée à connaître une pénurie sévère d'eau. Beaucoup d'autres villes sont menacées de la rejoindre dans un futur plus ou moins proche : Los Angeles et San Diego, Lima et Caracas, Dar es Salaam, Jaipur (qui comptent toutes un ou plusieurs millions d'habitants...). Ainsi, d'ici 2050, une grande ville sur six (!) dans le monde devra faire face à des pénuries d'eau, en raison de l'augmentation de la consommation, l'explosion démographique et le réchauffement climatique (sécheresse).

L'eau n'est pas la seule denrée qui pourrait se raréfier : de nombreux métaux utilisés dans l'industrie et l'informatique n'ont pas des réserves connues qui vont au-delà de la décennie des années 2030. Les énergies fossiles, nos esclaves des temps modernes, sont aussi amenées à se tarir, à moins que ce soit leurs émissions polluantes qui nous oblige à y renoncer plus vite que prévu, si la survie de notre biosphère en dépend. "Eco-fascisme" ? Un scénario possible, si des mesures vertes doivent être finalement imposées de manière autoritaire à tous, dans un sursaut de survie qui arriverait bien tardivement. Comme pour le confirmer, le conseil mondial de la biodiversité (IPBES, composé de 550 experts) vient d'adopter un rapport le 22 mars à Medellin en Colombie, pointant l'extinction massive des espèces, la dégradation des sols, et la menace que cela fait peser sur l'agriculture et donc notre sécurité alimentaire.

2018-2050, trois décennies où l'humanité joue son avenir. Assisterons-nous à la même inaction que celle qui a prévalu ce dernier demi-siècle, alors que le scénario est connu dès 1972 avec la publication du rapport au Club de Rome "Limits to Growth" ? Si c'est le cas, nul doute que l'historien du futur étudiera cette période avec une certaine fascination morbide. Et pour nous autres qui la vivrons, nous nous consolerons de son côté tragique en nous disant que nous écrivons une page mémorable (de la fin) de notre civilisation.